[1/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’antijudaïsme dans l'Antiquité
Au Cœur de l'Histoire - Un pódcast de Europe 1
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Découvrez l’abonnement "Au Coeur de l'Histoire +" et accédez à des heures de programmes, des archives inédites, des épisodes en avant-première et une sélection d'épisodes sur des grandes thématiques. Profitez de cette offre sur Apple Podcasts dès aujourd’hui ! Depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre contre l’État d'Israël, les actes antisémites se sont multipliés partout dans le monde. Mais cette violence déployée contre les Juifs n’a rien de nouveau. Dans une série spéciale en cinq épisodes, "Au cœur de l’Histoire" vous propose de remonter le cours du temps pour revenir sur les origines de de l’antisémitisme depuis l’Antiquité jusqu’à la Shoah au XXème siècle. Avant l’antisémitisme, concept moderne, on parle d’antijudaïsme. Pour explorer sur cette vision propre à la période antique, qui permet de comprendre ce que deviendra ensuite l’antisémitisme, Virginie Girod reçoit François Lefèvre, professeur d’histoire grecque à l’université Sorbonne Paris, et auteur d’Histoire du monde grec antique, paru aux éditions Poche. "L’antisémitisme suppose une notion de race que les Grecs et les Romains n’avaient pas formulée" clarifie François Lefèvre. "En revanche, ils associent très précocement les Juifs à leur religion et vont donc raisonner sur des termes culturels". La montée de l’antijudaïsme, le rejet de l’observance de la religion juive, doit se comprendre en lien avec l’hellénisation, "c'est-à-dire de l’assimilation ou non" au monde grec, souligne François Lefèvre. "Ce qui choque, c'est le fait de ne pas se mélanger et le fait de ne pas reconnaître les dieux de la communauté. Or on touche le point le plus sensible de la religion des Grecs et des Romains. C’est une religion collective, il faut que la communauté soit unie pour se mettre en règle avec les dieux". C’est dans ce contexte qu’à lieu en 38 à Alexandrie le premier pogrom connu de l’histoire. Mais les graines de la violence ont été semées longtemps auparavant, dans les écrits du philosophe grec Posidonios d'Apamée : "c'est l'image du juif idolâtre et comploteur qui apparaît, que l’on retrouve chez Cicéron". Si les sympathies de l’élite juive à Rome garantissent jusqu’ici un statut privilégié aux juifs, la Judée a tendance à se révolter contre l’autorité romaine et en 70, le temple de Jérusalem est détruit par Titus. La naissance du christianisme achève de marginaliser le judaïsme. Cependant, l’image de juifs "déicides" ayant ordonné la crucifixion du Christ, "c’est une construction qui viendra plus tard, parce que les chrétiens ont du mal à exister par eux-mêmes" tempère François Lefèvre. Après l’empereur Constantin, qui se convertit en 313 au christianisme, les mesures discriminatoires envers les juifs se multiplient néanmoins, formalisées par Théodose II en 438. "L'antijudaïsme antique nous invite à réfléchir à différentes choses qui apparaissent à cette époque. Tout d'abord les Juifs sont l'image de la différence, de l’altérité. Et c’est la grande entrée dans l'histoire de la notion de minorité et l'idée qu'une minorité ne peut pas exister si elle n'est pas protégée" explique François Lefèvre. Thèmes abordés : judaïsme, empire Romain, Grèce Antique, Christianisme "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio - Présentation : Virginie Girod - Production : Camille Bichler et Nathan Laporte - Réalisation : Julien Tharaud - Composition de la musique originale : Julien Tharaud - Rédaction et Diffusion : Nathan Laporte - Communication : Marie Corpet - Visuel : Sidonie Mangin